Le point sur les pré, pro et post-biotiques dans les compléments alimentaires

Impossible de ne pas évoquer les biotiques dans les compléments alimentaires ! Nouveaux ingrédients, nouvelles souches ou encore nouveaux bénéfices de santé, le microbiome ne cesse de faire parler de lui. “Pré, pro ou post”, Nutra Skills fait la lumière sur les différents biotiques !

Photo de Elena Mozhvilo sur Unsplash

Les pré-biotiques dans les compléments alimentaires : vers un sourcing plus original.

Depuis 2016, les pré-biotiques sont définis par l’International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) comme des “substrats sélectivement utilisés par les microorganismes de l’hôte et qui confèrent un bénéfice pour la santé”(1).

Les substrats pré-biotiques les plus « connus » sont présents dans l’alimentation du quotidien. On les retrouve par exemple dans(1) :

  • Les racines pour l’inuline,
  • Les fruits et légumes pour les Fructo-OligoSaccharides (FOS) et Galacto-OligoSaccharides (GOS)
  • Et aussi dans les céréales, les graines et les légumineuses.

Mais les pré-biotiques ne se limitent pas qu’aux oligosaccharides FOS/GOS, et incluent aussi des sources plus « originales » comme(1,2) :

  • Les Human Milk Oligosaccharides (HMO) que l’on retrouve dans les formules des laits infantiles et aussi,
  • Les polyphénols pré-biotiques présents dans certains compléments alimentaires(1).

Les bénéfices santé des pré-biotiques sur la sphère intestinale sont bien documentés. Mais leurs effets sur la santé vont au-delà de cette « zone » ! Peau, tractus urogénital, allergie, ou encore maladies métaboliques (surpoids et obésité, dyslipidémie, diabète de type 2)(1,2).

Il reste fort à parier que les pré-biotiques vont continuer à faire parler d’eux !

Les pro-biotiques dans les compléments alimentaires : vers la prévention de certaines pathologies ?

Les pro-biotiques sont définis depuis 2013 par l’ISAPP comme des : « microorganismes vivants qui, lorsqu’ils dont administrés en quantité adaptée, confèrent un bénéfice pour la santé de l’hôte »(3).

En 2022, le marché des compléments alimentaires avec des pro-biotiques est estimé à 8,2 milliards de $ dans le monde(4).

Comme les pré-biotiques, les bénéfices santé des pro-biotiques sont variés : sphère digestive, immunité, beauté de la peau, santé de la femme …(3)

Mais l’usage des biotiques dans les compléments alimentaires va plus « loin » avec les pro-biotiques de précision pour prévenir certaines pathologies. La « découverte » de ces pro-biotiques repose sur deux types d’approches : « top-down » et « bottom-up »(5).

  • L’approche « top-down » consiste à identifier des bactéries retrouvées en plus grande quantité chez des individus en bonne santé par rapport à des patients avec un état de santé altéré. Par exemple, chez certains patients souffrant de la maladie de Crohn, Faecalibacterium prausnitzii (F prausnitzii) est présente en faible proportion et est associée à un risque accru de rechute de la maladie. Ainsi, F prausnitzii peut être envisagée comme traitement potentiel pour réduire l’inflammation chez les patients atteints de la maladie de Crohn(5).
  • La stratégie « bottom-up » repose quant à elle sur une prédiction informatique de potentielles bactéries à produire des molécules capables de moduler le métabolisme de l’hôte. Par cette approche, la souche Hafnia alvei 4597 via la production d’une protéine ClpB, a été identifiée pour la gestion globale de l’excès de poids(5).

Nul doute que les pro-biotiques présentent un fort potentiel dans la prévention de certaines pathologies. Néanmoins, les recherches devront intégrer la variabilité intrinsèque inter-individuelle pour optimiser l’efficacité de ces nouveaux pro-biotiques.

Pro-biotiques dans les compléments alimentaires : où en est la réglementation française ?  

L’utilisation du terme « probiotiques » est actuellement en discussion au niveau des autorités françaises pour envisager une autorisation à apposer ce terme on-pack. Certains pays voisins, comme le Danemark, l’Espagne, l’Italie et les Pays-Bas l’autorisent déjà. L’Italie a d’ailleurs défini des lignes directrices quant à l’usage de ce terme.

 

Les post-biotiques dans les compléments alimentaires : une catégorie en devenir.

En 2021, les post-biotiques sont définis par l’ISAPP comme « une préparation de micro-organismes inanimées et ou leurs composants qui confère un avantage pour la santé de l’hôte »(6).

Les post-biotiques sont utilisés dans les mêmes promesses santé que les pro-biotiques, comme la digestion et l’immunité, chez les adultes mais aussi pour des patients pédiatriques.

Les principaux atouts de cette « forme » de bactéries sont la stabilité et la sécurité de la formulation en raison de leur « inactivation ».  

Le recours aux post-biotiques pour les personnes fragilisées, pour lesquelles les biothérapies vivantes ne sont pas recommandées, offre un nouveau potentiel d’action. Les post-biotiques trouveront leur public chez les consommateurs actuels mais aussi chez de nouvelles populations.

Pré, pro, ou post-biotiques, quelle que soit la forme, miser sur les biotiques dans les compléments alimentaires est (toujours) une bonne idée !

  1. ISAPP, 2020. Prebiotics.
  2. Gibson, G., Hutkins, R., Sanders, M. et al. Expert consensus document: The International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) consensus statement on the definition and scope of prebiotics. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 14, 491–502 (2017).
  3. ISAPP, 2020. Probiotics.
  4. Nutraingredients.com
  5. Microbiome Foundation, 2021.

Salminen, S., Collado, M-C., Endo, A., et al. Consensus Statement: The International Scientific Association of Probiotics and Prebiotics (ISAPP) consensus statement on the definition and scope of postbiotics. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 18, 649-667 (2021).